vendredi 2 décembre 2011

So long America ... so long

Voila, le periple americain s'acheve et le Chili arrive !

Pour resumer les dernieres semaines, une petite video.


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mardi 8 novembre 2011

San Francisco : son pont, ses rues et ses poetes !

Ballade sans but dans les rues de San Francisco. Haight Street comme point de depart, vite expediee car plus aucune trace du mouvement hippie qui fit sa renommee dans les annees soixante. Pourtant, son influence se sent litteralement dans toute la ville : une odeur particuliere flotte en effet a chaque coin de rue. La marijuana a usage medical est legale en Californie et une etrange maladie semble toucher la population de SF...

Point de hippies, tant pis, le Golden Gate est toujours la, ouf ! Mais ce n’est pas lui qui m’impressionne, non c’est plutot ce qu’il y a au dela, le Pacifique qui soudain m'emporte et souffle dans mes oreilles, dans mes narines, ses reves : le Japon, l’Asie toute entiere, Vladivostock, voila ce que j’ai en tete lorsque mon regard porte vers l’ouest ! ...une video bientot


Je poursuis ma route, tentant d’eviter les rues les plus raides, contournant les collines : la chic Nob Hill, la tres touristique Telegraph Hill (surmontee d’une tour au nom improbable : Coit Tower...). J’arpente Polk Street qui etrangement me plait beaucoup...la lumiere du soir y est peut-etre pour quelque chose...je m’attarde tel le badeau moyen lorsque le cable car passe sur California St et continue...



Il est 18h, Chinatown s’agite...ses habitants se pressent autours des etalages de fruit et legumes (seule endroit dans la ville, et peut-etre dans tous le pays, ou trouver des courgettes ou des poireaux ! Jamais je n’aurais cru un jour saliver devant autant de verdure...). Les poissons clapotent dans leurs baquets, vivant ainsi leur derniere heures, et les canards luisents aux crochets des echoppes. Colombus Av et je suis dans le North Beach district...le temps est venu de casser la graine et je me regale d’une delicieuse slice de pizza pepperoni-sausages-mushroom, achetee dans un des nombreux restaurant italien qui jallonnent ce quartier.

La file est deja longue devant le Club Fugazi...Ce soir, deux poetes mythiques ont decide de se retrouver afin de montrer que la ferveur poetique du San Francisco des annees 50 existe encore et toujours. Laurence Ferlinghetti et Gary Snyder se trouvent donc reunis le temps d’une soiree en faveur du Poetry Center de l’Universite de San Francisco.

Mais qu’ont-ils de si particulier ? Le premier est tout simplement le premier editeur du poeme d’Allen Ginsberg, Howl, (et ce ne fut pas chose facile tant la censure regnait a cette epoque). Sa librairie independante, City Lights Bookstore, continue encore de soutenir les poetes et artistes acteurs de la contre-culture americaine. Le second, prix Pulitzer de poesie en 1975 pour son recueil Turtle Island, est celui qui inspira Jack Kerouac pour son personnage de Japhy, dans les Clochards Celestes. Il contribua par ailleurs au rayonnement du bouddhisme Zen aux Etats-Unis, menant en partenariat avec l’Universite de Californie, de nombreux travaux de recherches et d’etudes dans les monasteres Japonais ou il devint l’un des premiers moine issus du monde occidental.

Gary et Laurence alternerons leurs lectures pendant quelques heures. La poesie de Gary est brute, sauvage et puise son inspiration dans les sentiers qui parcourent la Sierra Nevada, dans l’infini des paysages de wilderness. Celle de Laurence au contraire, possede la complexite et le charme de SA ville, San Francisco et se veut subversive, sociale et progressiste, instrument eminemment politique au service de revolution artistique (mais pas que). Les deux se rejoignent lorsque Laurence se tourne vers la baie et ses lucioles, ces lumieres des navires au travers du brouillard. Ou encore lorsque le monde artificiel, technologique, sous forme de panneau solaire, habite soudainement un poeme de Gary...militantisme ecologique avez-vous dit?

En regagnant mon auberge, je songe a cette soiree magnifique et je suis frappe par le fait qu’elle resume peut-etre a elle seule mon voyage : un interet pour la nature immense, mais egalement pour mes semblables et leurs preoccupations, leurs revendications, leurs voix,

Extraits :

«the silence
of nature
within.

the power within
the power
without.

the path is whatever passes-no
end in itself

the end is,
grace-ease-

healing,
not saving.

singing

the proof

the proof of the power within.»

Gary Snider, Turtle Island



«[...]

If you would be a poet, write living newspapers. be a reporter from outer space, filing dispatches to some supreme managing editor who beleives in full disclosur and has a low tolerance for bullshit.

[...]

If you call yourself a poet, don’t just sit there. Poetry is not sedentary occupation, not a «take your seat» practice. Stand up and let them have it.

Have wide angle vision, each look a world glance. Express the vast clarity of the outside world, the sun that sees us all, the moon that strews its shadows on us, quiet garden ponds, willows where the hidden thrush sings, dusk falling along the riverrun, and great space open out upon the sea...high tide and the heron’s call...And the people, the people, yes, all around the earth, speaking Babel tongues. Give voice to them all. [...]»

Laurence Ferlinghetti, Poetry As Insurgent Art.



De gauche a droite : Laurence Ferlinghetti, Gary Snyder

mardi 1 novembre 2011

Un endroit bien particulier...Yosemite

Apres mon experience vegasienne, je cours me mettre au vert, et la Yosemite Valley est indeniablement le bon endroit pour cela ! Plus exactement, fuyant le touriste, je trouve refuge a Camp 4, ce qu’ici les gens appellent le camping des grimpeurs. En effet, la reputation de ce camping n’est plus a faire, tant il a vu defiler les legendes de l’escalade mondiale (pour ceux que cela interresse, lire Camp 4 qui relate les péripéties des pionners de l’escalade moderne au Yosemite). Pour autant, la legende n’appartient pas au passé et il souffle encore sur ce camping un vent d’aventure matiné de refus d’une vie conventionnelle. Si vous voulez avoir l’air d’un local, le «dress code» a respecter est le suivant :
- un bonnet de laine laissant echapper quelques meches de cheveux qui n’ont pas vu les ciseaux d’un coiffeur depuis bien longtemps.
- une frontale a porter de jour comme de nuit
- l’incontournable doudoune, qui un jour lointain fut orange flashy, et qui aujourd’hui porte les stygmates de multiples ascensions sous la forme d’accros repares au duct tape et d’indelibiles traces de suie, signe des nombreuses nuit passées autour d’un feu
- enfin, une paire de chaussures 5.10, dont la semelle part en lambeaux mais que l’on ne changerait pour rien au monde.

Ca contraste ferocement avec les pompes en marbres et les costards en saumon fume de Vegas, et ici je me sens comme un poisson dans l’eau !

Au petit matin, il faut voir les cordées préparer leur matos : c’est un grand étallage de pitons, cordes, coinceurs, baudriers, bref tout le necessaire pour se mesurer au géant de granite qui du haut de son kilometre verticale regne sur la Yosemite Valley, le bien nommé : El Capitan.

Son nom revient sur toutes les levres, il est de toutes les conversations et pour cause! Mais rien de tel qu’une soirée au coins du feu pour réaliser que ceux qui osent se mesurer a ses voies, que l’on gravis le plus souvent en plusieurs jours, faites de failles interminables, de pendules effrayants et de vires etroites sur lesquelles installer sont portaledge pour un bivouac aérien, ont quelque chose a part, de réellement hors du commun.

La nuit est tombée depuis quelques heures maintenant, le feu crépite, les rechauds ronronnent, les pates et soupes chinoisent cuisent, une bouteille de bourbon et de la marie locale bio tournent, les guitares s’accordent, tous les élements sont reunis pour passer une soiree merveilleuse mais ô combien ordinaire a Camp 4. Au cours de l’une d’elle, j’aurais la chance d’assister au recit d’un grimpeur un peu particulier, Dan. Ce pompier de 41 ans, a donc debarque de son Idaho natal (état pas franchement réputé pour la grimpe), il y a quelques semaines. Il a deja a son actif quelques voies sur les falaises de gres de Zion, mais rien de comparable a El Cap’. Et il a décidé de le gravir, en solo (c’est a dire avec l’aide de matériel, mais seul), en empruntant une voie mythique : le Nose ! Plus de 30 longueurs, 1km d’ascension, sur une arrete bien identifiable, c’est LA voie d’El Cap’. Ouverte en 47 jours en 1958, malgre sa difficulte, elle a ete depuis repetée mais par par n’importe qui et pas n’importe comment. La legende autours de cette voie a notamment été battie par un petit brin de femme, Lynn Hill, qui en 1993, damna le pion a tous ces males exhubérants qui pulullent dans le petit monde de l’escalade et particulierement au Yosemite, en reussissant en 4 jours la premiere ascension en libre (c’est a dire sans tirer sur les pitons ou autres clous en place), renouvellant son exploit un an plus tard en 23heures. Cette type d’ ascension, en libre, continue de faire rever, car personne depuis, n’a reussi a repeter la voie de cette maniere. Dans un autre ordre, aujourd’hui, des cingles, des grimpeurs d’un autre monde tentent regulierement de battre le record de vitesse sur cette voie (dans ce cas, tous les moyens sont bon pour atteindre le sommet), record a battre : 2h36min!!!!

Bref, c’est a ce morceau d’histoire, a cette voie mythique que Dan a decide de se mesurer. Il y passera 10 jours ! 12 heures d’escalade quotidienne, reclamant quelques 6000 calories d’energie (sous forme de barre de cereales, de M&M’s, de chips concassees et de cereales deshydratees enrichies en proteines). Malgre les 40 litres d’eau qu’il emportera, il souffrira de deshydration et dans les derniers jours, il lui faudra parfois plus d’une heure pour réanimer les muscles de ses mains. Une fois redescendu dans la vallee, il sera surpris d’apprendre que tous le monde a Camp 4 a entendu parler de «Solo» Dan. En effet, c’est aussi ca la magie de Camp 4, les nouvelles vont vites et personne n’ignore qui est sur El Cap’ a un moment donné et dans quelle voie.

Il confiera n’avoir pas encore realise ce que cette ascencion lui a appris sur lui-meme et qu’il lui faudra du temps pour le faire...son bonheur : avoir été capable de surmonter la petit voix qui lors des premieres longueurs lui commandait de battre en retraite, et ces moments de profond vide intellectuel, ou son corps semblait immuablement guide vers le sommet, état ressenti comme etant profondement naturel, une part de son etre qu’il n’a pu decouvrir que de cette maniere.

Il nous contera également qu’il recevra de l’aide dans sa redescente vers la vallee. En effet, tout un milieu «underground» vie ici, par et pour la grimpe. Ces «Yosemite Bums», doivent jouer en permanence a cache-cache avec les rangers, car le sejour maximum tolere, d’apres les regles du parc, est de 30 jours par saison. Autant dire rien du tout pour ceux qui ne se sentent bien qu’a la verticale. Alors, ils courent les bois, decouchant chaque soir, monnayent leur services lorsqu’il s’agit d’aider a descendre du materiel du haut d’El Cap’ (service auquel a eu recours Dan, epuisé) et connaissent toutes les astuces pour manger a pas chers ou prendre une douche chaude dans le lodge 4 etoiles de la vallee. Seule la neige les poussent a quitter celle-ci en hiver. Certains partent alors quelques mois en l’Alaska par exemple, terre promise pour ceux qui se sentent le courage de travailler 16h par jours, 7jours/7 dans une conserverie de saumons. En echange, ils seront nourris, loges, exhoneres d’impots et toucheront plus de 3000 dollars par mois, de quoi remplir le compte en banque avant de s’echapper vers de nouveaux horizons, au Yosemite, mais parfois plus loin (Nepal, Nouvelle Zelande, Patagonie,...). J’aurais l’occasion de rencontrer un de ces individus passionnes, un petit gars d’une vingtaine d’annees, grimpant du 8b+, avec dans les yeux, un éclat particulier que meme mes questions concernant les conditions de (sur)vie ici ne parviendront pas a ternir : «Money goes around» me repondra-t-il avec malice.

Pour ma part, point d’escalade, mais des randos. Et cela suffira a me regaler !

Comme ici au sommet d’Half Dome, un autre majestueux sommet de la vallee : http://vimeo.com/31580138

Enfin, je crois que je n’oublierais jamais mon arrivee au sommet de North Dome. J’en pleurerais dis-donc, et puis tout de suite apres, voila que j’eclaterais de rire ! Une sorte de petit satori comme seules des montagnes exceptionnelles peuvent vous procurer. Pas de commentaire cette fois, juste le bruit du vent...cela suffit amplement.

http://vimeo.com/31585198



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Sin City

J’ai voulu voir a quoi cela ressemblait et bien j’ai vu !

Je ne resterais en tout et pour tout que 20 heures a Las Vegas. Le temps de parcourir le Strip, et de me delester de 5 dollars dans quelques machines a sous. Et cela me suffira...

Rien de bien sensationnel, et surtout rien de vraiment classe dans ce qui n’est que gros, clinquant et pour tout dire bien vulgaire...Les tapis roulant qui relient les casinos entre eux donnent l’impression d’etre dans un immense aeroport un peu bizarre, sans avion et sans la moindre horloge. Ici le temps ne parait par etre une donne importante...mieux, tout est fait pour que dans ce paradis articiel on ne le sente pas passer.

Je me scandaliserais interieurement lorsque j’observerais ces drogues du jeu semer une vingtaine de jetons de 50 dollars sur une table de roulette, pour tout perdre...mais recommencer tout de suite apres. Enfin, a chacun ses plaisirs! Cela semble plaire pourtant : j’aurais ainsi l’occasion de croiser plusieurs «kids» dans mon auberge qui m’avoueront vouloir passer le reste de leur vie ici, a faire la bringue...tres peu pour moi !

Grand !

Apres une semaine passee a NYC, a peine sortie de l'aeroport, les 40 degres a l’ombre de Phoenix, AZ m'assomment. Rien a faire dans cette ville immense sans aucun interet, si ce n’est se reposer de l’excitation new yorkaise dans une sympathique auberge. Apres 3 jours d’attente, je recupere mes negatifs et file a Flagstaff, porte d’entree du Grand Canyon.

Quelle bonne surprise que cette ville coquette, posee sur la route 66 et ou le temps passe paisiblement, rythme par les sifflets des nombreux trains de marchandises qui passent environ toutes les demi-heures...sortent d’immenses chenilles metalliques dont certaines mesurent plus de 3 km de long!

Et puis, le Grand Canyon! Gitantesque breche dans un plateau culminant a plus de 2000 metres d’altitude. En bas, c’est a dire 1700m plus bas, coule le fleuve Colorado. 1700m de profondeur c’est plus de 5 fois plus que le canyon du Verdon! Quant au couleurs, tout est ici rouge, orange et se pare de reflets roses une fois le soleil couche : une pure merveille !

Cette nature si enorme attire le touriste, immanquable ici, ainsi que le randonneur. Selon le site internet des Parcs Nationaux, quelques 40000 demandes de permis de randonnee sont effectuees chaque annee, 10 000 sont accordes. Les demandes sont a faire 4 mois a l’avance par fax, mais si l’on sait etre patient, il est toutefois possible d’en obtenir un directement aupres des rangers du parc, sur la base du premier arrive, premier servi...temps d’attente estime...4 jours ! J’avais donc fait une croix la dessus, mais ne risquant rien, je me suis quand meme rendu au Backcountry Office, pour savoir si par chance, il ne resterait pas une petite place...et bien m’en a pris !

Munis du precieux sesame c’est donc le coeur leger, mais le dos charge, que j’entreprends ma descente dans la faille immense. Deux journees de rando me permettent de me rendre compte de la taille du canyon et de notre petitesse face a ce dedale de roche. Tantot sur une arrete, tantot cernes de falaises, le trail est varie et le paysage change constamment, je m’en mettrais plein les yeux.


C'est parti, on descend!



La petite ligne en bas de l'image, c'est le trail.


Et le Colorado apparait enfin :

Au petit matin :


Puis l'ont remonte :



Le soleil decroit, c'est la que tout devient magique :



mercredi 5 octobre 2011

"Pied a terre!"

Oui, Moab, UT est vraiment un endroit formidable pour poser pied a terre.

En fait, j'hesitais concernant le titre de ce post et si j'ai choisi celui-ci c'est que c'est aussi la premiere replique de la scene d'ouverture d'Idiana Jones et la Derniere Croisade qui a ete tournee ici, dans le parc d'Arches qui ressemble a ca :


Mais j'aurais pu aussi titrer "D'Idiana Jones a Thelma et Louise". En effet la derniere scene de ce film a ete tournee dans un autre lieu incontournable dans la region : le Dead Horseshoe National Park :

Bref, bienvenue a Canyonland!



Ici, on contemple, on campe, on randonne, on grimpe ou on mountainbike et il faut avouer qu'il y a de la place pour tout le monde !

Par exemple un coucher de soleil, ca donne ca :



Et au reveil, c'est a peine moins bien !
Il y a quel mon terrain de jeu c'etait un petit canyon a deux pas de la ville, accessible a pied (une gageure aux US ou la voiture est reine!)

J'ai donc passe l'ensemble de la journee a explorer chacune des falaises, suivi les horshoe bends, grimpe, desescalade...et ca valait vraiment le coup !

Je vous laisse decouvrir tout ca avec quelques images !