mardi 8 novembre 2011

San Francisco : son pont, ses rues et ses poetes !

Ballade sans but dans les rues de San Francisco. Haight Street comme point de depart, vite expediee car plus aucune trace du mouvement hippie qui fit sa renommee dans les annees soixante. Pourtant, son influence se sent litteralement dans toute la ville : une odeur particuliere flotte en effet a chaque coin de rue. La marijuana a usage medical est legale en Californie et une etrange maladie semble toucher la population de SF...

Point de hippies, tant pis, le Golden Gate est toujours la, ouf ! Mais ce n’est pas lui qui m’impressionne, non c’est plutot ce qu’il y a au dela, le Pacifique qui soudain m'emporte et souffle dans mes oreilles, dans mes narines, ses reves : le Japon, l’Asie toute entiere, Vladivostock, voila ce que j’ai en tete lorsque mon regard porte vers l’ouest ! ...une video bientot


Je poursuis ma route, tentant d’eviter les rues les plus raides, contournant les collines : la chic Nob Hill, la tres touristique Telegraph Hill (surmontee d’une tour au nom improbable : Coit Tower...). J’arpente Polk Street qui etrangement me plait beaucoup...la lumiere du soir y est peut-etre pour quelque chose...je m’attarde tel le badeau moyen lorsque le cable car passe sur California St et continue...



Il est 18h, Chinatown s’agite...ses habitants se pressent autours des etalages de fruit et legumes (seule endroit dans la ville, et peut-etre dans tous le pays, ou trouver des courgettes ou des poireaux ! Jamais je n’aurais cru un jour saliver devant autant de verdure...). Les poissons clapotent dans leurs baquets, vivant ainsi leur derniere heures, et les canards luisents aux crochets des echoppes. Colombus Av et je suis dans le North Beach district...le temps est venu de casser la graine et je me regale d’une delicieuse slice de pizza pepperoni-sausages-mushroom, achetee dans un des nombreux restaurant italien qui jallonnent ce quartier.

La file est deja longue devant le Club Fugazi...Ce soir, deux poetes mythiques ont decide de se retrouver afin de montrer que la ferveur poetique du San Francisco des annees 50 existe encore et toujours. Laurence Ferlinghetti et Gary Snyder se trouvent donc reunis le temps d’une soiree en faveur du Poetry Center de l’Universite de San Francisco.

Mais qu’ont-ils de si particulier ? Le premier est tout simplement le premier editeur du poeme d’Allen Ginsberg, Howl, (et ce ne fut pas chose facile tant la censure regnait a cette epoque). Sa librairie independante, City Lights Bookstore, continue encore de soutenir les poetes et artistes acteurs de la contre-culture americaine. Le second, prix Pulitzer de poesie en 1975 pour son recueil Turtle Island, est celui qui inspira Jack Kerouac pour son personnage de Japhy, dans les Clochards Celestes. Il contribua par ailleurs au rayonnement du bouddhisme Zen aux Etats-Unis, menant en partenariat avec l’Universite de Californie, de nombreux travaux de recherches et d’etudes dans les monasteres Japonais ou il devint l’un des premiers moine issus du monde occidental.

Gary et Laurence alternerons leurs lectures pendant quelques heures. La poesie de Gary est brute, sauvage et puise son inspiration dans les sentiers qui parcourent la Sierra Nevada, dans l’infini des paysages de wilderness. Celle de Laurence au contraire, possede la complexite et le charme de SA ville, San Francisco et se veut subversive, sociale et progressiste, instrument eminemment politique au service de revolution artistique (mais pas que). Les deux se rejoignent lorsque Laurence se tourne vers la baie et ses lucioles, ces lumieres des navires au travers du brouillard. Ou encore lorsque le monde artificiel, technologique, sous forme de panneau solaire, habite soudainement un poeme de Gary...militantisme ecologique avez-vous dit?

En regagnant mon auberge, je songe a cette soiree magnifique et je suis frappe par le fait qu’elle resume peut-etre a elle seule mon voyage : un interet pour la nature immense, mais egalement pour mes semblables et leurs preoccupations, leurs revendications, leurs voix,

Extraits :

«the silence
of nature
within.

the power within
the power
without.

the path is whatever passes-no
end in itself

the end is,
grace-ease-

healing,
not saving.

singing

the proof

the proof of the power within.»

Gary Snider, Turtle Island



«[...]

If you would be a poet, write living newspapers. be a reporter from outer space, filing dispatches to some supreme managing editor who beleives in full disclosur and has a low tolerance for bullshit.

[...]

If you call yourself a poet, don’t just sit there. Poetry is not sedentary occupation, not a «take your seat» practice. Stand up and let them have it.

Have wide angle vision, each look a world glance. Express the vast clarity of the outside world, the sun that sees us all, the moon that strews its shadows on us, quiet garden ponds, willows where the hidden thrush sings, dusk falling along the riverrun, and great space open out upon the sea...high tide and the heron’s call...And the people, the people, yes, all around the earth, speaking Babel tongues. Give voice to them all. [...]»

Laurence Ferlinghetti, Poetry As Insurgent Art.



De gauche a droite : Laurence Ferlinghetti, Gary Snyder

1 commentaire:

  1. Magnifiques photos ... La Coit Tower est seulement le nom d'une glace de l'autre coté du pacifique où nous sommes, en Thaïlande (véridique, mangée ce jour même!) Continue bien ta descente, l'air de montagnes andines approche...

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